Depuis des centaines d’années, les bébés sont portés par leurs aînés. On les portait pour différentes raisons : pour continuer de travailler, pour maintenir le bébé au chaud, pour le mettre en hauteur pour sa sécurité… On retrouve donc des systèmes de porte bébé depuis très longtemps et sur toute la planète. Selon les cultures, différents outils sont créés.
Après avoir été porté la majorité du temps, le bébé a progressivement été éloigné de sa mère, le maternage distal est apparu. La première étape de ce processus d’éloignement est l’apparition des nourrices, d’abord réservées aux familles riches puis démocratisées.
Au 18ème siècle, on commence à faire dormir les bébés dans des berceaux, le portage en tissu reste malgré tout présent, mais plutôt pour les mères allaitantes.
Au 19ème siècle, la puériculture est bouleversée par des changements de modes de vie et l’arrivée de l’Hygiénisme. Le corps médical met en évidence les germes et dicte les premières recommandations sur la manière de s’occuper des enfants : comment les nourrir, imposer une régulation stricte des soins (bain, repas, sommeil…), limiter les bercements pour éviter de donner de mauvaises habitudes. En parallèle, la vie des familles évolue avec la révolution industrielle. De nombreuses mères commencent à travailler. Par conséquent, le temps consacré au maternage se réduit, on vise l’autonomie de l’enfant pour qu’il dépende le moins possible de ses parents.
A la fin du 19ème siècle, le landau apparaît avec les routes. Cela accentue la perte de contact entre les parents et le bébé.
Vers 1950, on remarque un développement des laits infantiles et les produits de puériculture se développent de manière très importante et l’éloignement de l’enfant et de la mère continue d’augmenter, souvent pour le bonheur des femmes qui se sentent alors plus libres !
A partir des années 1970, une transition s’opère vers un retour au maternage plus proche. On étudie, observe et analyse les comportements des bébés. Grâce à des travaux de docteurs comme Hassenstein, Charpak, Odent, Leboyer, Brazelton, les bébés sont considérés comme des personnes dont les besoins sont mieux connus et pris en compte. On comprend mieux l’impact des hormones, particulièrement l’ocytocine sur les comportements des mères et des bébés et le lien de dépendance qui entre en jeu entre les deux. Le contact précoce prolongé apparaît nécessaire aux besoins de l’enfant. C’est ainsi que le peau à peau devient un soin pour les bébés nés prématurément.
En 1970, en Allemagne les premières écharpes de portage tissées voient le jour et depuis de nombreux modèles ont été créés, améliorés. Ces nouveaux modèles ont été développés notamment pour correspondre aux besoins des populations occidentales. Ils respectent de plus en plus la physiologie de l’enfant et sont évolutifs.
Pour que les parents puissent maîtriser les différents outils proposés sur le marché, des moniteur.ices de portage ont été formés pour permettre aux parents d’expérimenter durant des ateliers de portage (souvent appelés cours de portage par les parents).
Alors non, le portage n’est pas un effet de mode
même s’il revient plus fortement après une période où il était plutôt réservé aux populations populaires.